« Tu vas devoir caqueter Samuel. »
« SAM ! Je m’appelle SAM ! Et... caqueter ?! »
« Caqueter comme une poule, tu sais ? »
« Je sais ce que ça veut dire caqueter, merci, mais tu veux dire que je vais devoir faire la poule ? »
« Oui, Samuel, bravo, les poules caquettent. »
« SAM, bon sang ! »
« Je crains que sur ta carte d’identité est inscrit Samuel. »
« Je ne veux pas caqueter. »
« Tu le feras quand même. Sinon : la porte. »
« Mais ! »
« Pas de mais. »
« Je ne vais quand même pas faire la poule devant des centaines de personnes ! »
« Si. Et je jubile d’avance. »
« Nan mais tu veux te venger de quoi au juste ? »
« De rien, Sa-mu-el. »

Il a tellement articulé mon prénom (pourtant il sait que je déteste mon vrai prénom et préfère largement mon surnom) que mes joues en sont devenus rouges tomate. Ou, existe-t-il un rouge plus rouge que le rouge tomate ? Non parce que si oui, je crois que mes joues sont de cette couleur ci. Je n’aime pas mon patron. Je n’aime pas mon foutu boulot. Je n’aime pas ces plumes qui volent partout quand je marche. Je n’aime rien. Je hais tout. En plus, je viens d’apprendre que d’en plus de faire le poulet et de raconter les bienfaits du fast-food, mon contrat arbore une nouvelle ligne supplémentaire qui stipule que je devais caqueter. Comme si faire le poulet emplumé dans tous les sens du therme n’est pas suffisant, mon boss m’ordonne de crier COT COT dans la rue. Non, mais sans déconner, j’aurais tout vu. Et à ma mort, je viendrais hanter son foutu restaurant américain graisseux et il pourra la tête la première dans la friteuse en marche. Sa tête sera aussi frit que ces poulets croustillants qui débordent les plateaux des clients. Et là, ma vengeance aura été faite avec brio, et mon honneur plus jamais bafouée.

Je sens qu’il me pousse, sa grosse main velue me touche le dos et je préfère déguerpir et retourner sur mon lieu de travail qu’est la rue plutôt que continuer à discuter avec un singe comme lui. Sur mon testament, je dois penser à rajouter que mon rasoir électrique, que je n’utilise pratiquement jamais à part pour rafraichir cette barbe de trois jours que je porte depuis mes vingt ans environ, sera gracieusement offert à mon boss. Connard, grr. Je pousse alors la porte et un petit grelot retentit, je n’aime pas non plus cette clochette qui annonce les allés et retours des clients. Tous ces vas et vient m’importent peu, alors pour foutre une clochette qui me l’indique ? « Pour faire joli » avait répondu mon boss. En quoi une petite cloche pouvait faire jolie ? J’en sais rien, et je ne veux pas savoir. Une fois dehors, je souffle, désespéré et je prie pour que la foudre s’abatte sur moi. Mais un coup d’œil vers le ciel m’indique que c’est impossible. Il fait bien trop beau, le ciel est d’un bleu azur et le soleil tape comme pas possible. Cette après-midi de boulot va être très compliqué sous cette chaleur de plomb. J’enfile ma tête de coque, et contre mon grès, je caquette. Je crois que boire de l’acide aurait été moins douloureux que crier le mot COT dix fois par minutes. Quelques passants rient, se moquant de moi et de mon boulot minable. Mais je ne peux pas crier, parce que mon boss, mon minable boss, cette vermine, me surveille du coin de l’œil. Alors je me trémousse, faisant bouger mon derrière de gauche à droite. Je hais ce boulot. Je hais tout ce qui y touche. Je ne mangerais plus de poulet frit même si c’est excellent.

Quand enfin mon boss m’appelle pour une pause, je rentre à toute allure dans le fast-food et me dépêche d’entrer dans les vestiaires des employés. Il est vide, ouf. Je veux crier, je veux frapper tout ce qui est à ma portée. Je ne vois aucune utilité de me faire caqueter si c’est pour se moquer de ma personne. Mon amour propre est achevé, tué, misérablement torturé et enterré. Je me sens mal, enfait, je ne veux pas taper sur tout ce qui bouge, seulement fumer une bonne clope, oh oui, une bonne cigarette. Vu que je n’ai que dix minutes, de pause, je n’enlève pas mon déguisement et prend ma tête de poulet sous mon bras. Je sors par la porte qui est sur le côté du magasin. Je me demande pourquoi il n’existe pas une porte de derrière, il y a seulement une porte sur le côté du magasin, juste à côté d’une entrée d’un pâtissier luxueux. Enfin à l’air libre, j’allume ma cigarette et en tire une bouffée impressionnante et réconfortante.

C’est définitif, je n’arrêterais jamais de fumer. Ça vous sauve dans les pires moments, comme celui-ci. C’est vrai, comment font les non-fumeurs quand ils sont énervés ? Ils cassent tout ? Ils crient sur n’importe qui ? Ca doit défouler et ça fait utiliser de l’énergie de quoi être bien fatiguer après. Alors que moi, j’ai cette petite chose longue et légère. Je sais très bien ce qu’elle occasionne à mes poumons et à ma vie, mais après tout, on meurt tous un jour alors si c’est pour essayer d’être sain comme ne pas fumer, ne pas boire, ne pas manger de choses trop grasses ou trop sucrées, à quoi ça sert ? Tant qu’on ne baigne pas dans l’illégalité, je ne vois pas à quoi ça sert de se protéger de la vie ? Des choses soit disant mauvaises ? A rien, on ne meurt qu’idiot.

C’est donc avec un grand plaisirs que je prends une deuxième bouffée. Une mère avec une poussette passe devant, me regarde et je vois un mélange de moquerie et de réprobation dans ses yeux. Comme si j’avais décidé de choisir ce métier. C’est fou ce que les gens jugent les autres rien qu’à l’air boulot, ou leur vêtement, ou bien leur apparence physique. Tant de préjugés, on en mourra peut-être un jour. Je ferme les yeux, le soleil tape un peu moins, ou peut-être que j’ai tellement chaud que je ne le remarque même plus. Je crois que mon dos, ainsi que mon tee-shirt et mon jean sont trempés de sueur. J’aurais peut-être du mettre un short, mais le costume gratte tellement... « - Bon..Bonjour vous sauriez où je peux trouver un Hôtel pas très loin ? Je m’excuse si je vous dérange en plein travail ce n’était pas mon intention... » J’ouvre les yeux, ma vue se brouille un peu à cause de la forte luminosité qui est présente d’un seul coup. Puis au bout de cinq secondes, quand je reprends une vue à peu près normal, je peux remarquer une blonde. Grande, plutôt bien foutue et avec de grands yeux verts. Mon instinct de séducteur se réveille, et même dans mon costume de poulet je sens l’envie irrésistible de draguer cette jeune femme. Je lui souris, lançant mon regard ravageur. « Vous allez vers la droite, là-bas, puis à gauche je crois, ensuite tout droit, encore et encore et normalement, vous arrivez à côté d’une bouche de métro, vous prenez donc la première à droite et ce sera dans la rue. » Je lui souris une nouvelle fois et tire une autre bouffée en prenant soin d’envoyer la fumée loin d’elle. Et là, je voyais mon erreur. Elle allait partir, et je ne la reverrais sûrement jamais. Et si mes indications n’avaient pas été claires ? Elle serait en plus perdue. J’aurais tout gagné. Perdre une jolie proie, et la faire perdre. Et si je prenais une après-midi de congé ? Car il est quoi, là ? (coup d’œil rapide à ma montre –encore heureux que je n’ai pas de main de poulet et que le costume s’arrête à mes poignets-). Environ deux heures et demie. Mais, prendre une demi-journée de congé pour une demoiselle ? Je rêve, je deviens un canard ! Vous savez, le genre de mec qui ferait tout et n’importe quoi pour sa petite-amie, jusqu’à même se tatouer le prénom de l’actuel copine sur les fesses. Oh et puis ça me permettrais de au moins avoir cette après-midi libre. Même si je mettais vingt minutes environ pour aller à l’hôtel voir un peu plus, je pourrais me balader et rentrer chez moi en toute tranquillité. « Au fait, vous, enfin tu ne me dérange pas. J’ai finis mon service dans dix minutes, je peux t’y accompagner si tu veux ? ». Je souris. Oui, j’ai mentis. Mais allez savoir comment elle pourrait réagir si je lui sortais que je vais prendre une demi-journée de congé pour elle, une inconnue tout à fait superbe qui demande son chemin. Ça se trouve elle ait un copain, je suis con. Pas grave, je vais tout de même en profiter quoi qu’il arrive.

En attendant une quelconque réponse, je devrais peut-être réfléchir quoi dire à ce pauvre boss. Déjà, je devais lui montrer les points positifs. Il ne me verrait pas du restant de la journée, ne serait pas obliger de crier sur un quelconque employé car je suis le vilain petit canard qui ne l’écoute jamais. Et puis, une après-midi sans moi, ce n’est pas la mort, il peut bien se passer de moi. Quoi que, il veut trop me voir caqueter. Il faut que je passe un pacte avec lui, du moins, que s’il refuse. Ou je pourrais lui mentir ! Quelle sage décision. Je pourrais inventer une excuse. Hm... Je pourrais dire que Blondie devant serait... Ma cousine, ou même ma sœur et que je dois lui faire visiter la ville et je n’aurais rien à faire en retour. J’aurais ma journée. En plus je ne prends jamais de congé, il pourrait me faire une fleur pour une fois. Foutu boulot. Je suis maudis. * Hé boss ! Je pourrais avoir mon après-midi de congé ? Ma sœur est dehors, et je dois l’accompagner à mon appart’ pour qu’elle s’installe. Allez boss, rien qu’une après-midi. * A tous les coups, réponse négative. Je verrais bien après tout, mais si il me la refuse et qu’elle veut bien que je l’accompagne jusqu’à l’Hôtel le plus proche, je suis dans un beau merdier.

Alors là, c’était la cerise sur le gâteau. La scène la plus incroyablement marrante au monde. Je me demande comment je peux me retenir de rire. Oh mon dieu (je n’ai pas la foi, mais là, s’il existe, je le remercie de cet instant hilarant), je ris de tout mon fort intérieur. Mais à l’extérieur, je ne fais qu’apparaitre un sourire amusé. Je suis ébahit devant la possibilité de mon boss à être ridicule. Pour résumé, la jeune Blondie et moi étions entrain de nous lancer des regards et des petits sourires, ou du moins je lançais mon regard ravageur et mon fameux sourire en coin. Et puis elle me lance un petit « - Merci Beaucoup , vous enfin tu..ça m’aiderait beaucoup si tu pouvais m’accompagner... ». Elle avait l’air gentil, pas méchante du tout. A vu d’œil, on pourrait croire d’elle qu’elle soit une pouf, ne pensant qu’au physique et totalement superficielle. Mais ces joues qui commencent à devenir roses, et ses petites prunelles hésitantes me font penser le contraire. Et puis, LE truc qui donne à ce moment ce côté hilarant : mon boss. Je le vois surgir de la porte de côté, celle des employés. Ses joues sont tellement rouges que je me raidis aussi tôt. Un coup de chaud m’envahit et le soleil me parait tout de suite moins violent, comme si les rayons qu’ils envoient sont frais et doux. Je sens que ça fait presque dix minutes que je suis dehors (d’ailleurs ma cigarette est consumée alors que j’en ai même pas fumé le tier). J’aurais du rentrer il y a plusieurs minutes, il n’aime pas que mes pauses durent dix minutes exact, toujours moins, connard. Alors qu’il allait commencer à s’énerver sur moi, son visage se transforme et même les bisounours ont l’air d’Hannibal Lecter. Ses yeux deviennent rieurs, son sourire mesquin se transforme en un admirable et doux rictus, car oui, mon boss ne sait pas réellement sourire donc cette espèce de geste qu’il fait est surement un vrai et réel sourire compatissant. Il s’approche doucement d’elle et prend ses mains entre les siennes. Je me retiens de rire, j’en fais un effort surhumain. Un léger son qui ressemble à un « euh ? » sortit des lèvres de Blondie et le boss commence à dire « - Jeune demoiselle , puis-je vous aider ? Je ferai tout pour vous servir. » Je crois que la chose de trop, je rigole, assez discrètement tout de même, mais ça permet de me lâcher quelque peu. Je sens que Blondie se raidit, puis sa tête se tourne quelque peu, me lançant un regard de détresse. « Hé boss ! Je vous présente ma sœur. Ro... Rosy... Rosalie ! » Mensonge raté. Mais apparemment, il est tellement attiré, comme noyé, dans les yeux de la Belle qu’il n’a pratiquement pas remarqué mon hésitation, j’en suis heureux. Je m’approche doucement, mon costume ne me permet pas d’aller très vite, il est lourd et quand le vent souffle les plumes volent partout, affreux. Je m’avance un peu plus et lève mon bras droit avec énormément d’effort et le met sur l’épaule de Rosalie (je ne connais même pas son prénom, et je trouve que Rosalie lui va pas mal). « Alors boss, je vais devoir l’accompagner à mon appartement et je dois lui faire visiter la ville, donc elle a besoin de moi là maintenant. » Le boss lève les yeux vers moi, et toujours noyé par la beauté de Rosalie, il accepte, secouant la tête de haut en bas. J’AI GAGNE ! Bon, j’ai du mentir car si je disais que je devais emmener ma soit disant sœur à l’hotel, il aurait trouvé ça louche. Et puis je n’avais pas besoin d’expliquer le pourquoi du comment. Quel bonheur. « Mais, lundi à mon bureau à la première heure Samuel ». Une, je ne le contrarie pas et le laisse m’appeler Sam. Deux, nous étions déjà vendredi ?! Enfin le week-end ! Trois, il avait accepté. Non mais vous me croyez ? Je crois que c’est la dernière chose à quoi je penserais. Incroyable. Merci à Rosalie, ou qui qu’elle soit. Je le vois qui s’en va avec hésitation, comme s’il ne voulait pas partir et encore plonger dans le vert émeraude de Rosy. Quand enfin il disparait, je souffle soulagé et m’assois par terre. Tout le poids retombe et je souris, prêt à crier de joie. Mais je me relève aussi, je suis quand même à côté d’une jolie fille, un peu de retenu ! Je lui souris et la remercie. « Houa, merci ! Je sens qu’il va être sur un petit nuage pendant quelques jours. Je dois juste me changer et prendre une douche rapide dans les vestiaires, tu peux sois resté ici sous le soleil de plomb ou bien entrer dans la boutique, au frais et te faire coller par le Boss, et par chance, il pourra t’offrir une boisson à ses frais. » Je souris de toutes mes dents, quelle belle affaire, cette journée me parait moins agréable. « Merci encore. Aufait, je m’appelle Sam. Oublie Samuel, il ne connait même pas le nom de ses employés. »


H.S. ; désolée, bof bof. :/

Ce boss m’était devenu plus sympathique dans ces deux dernières minutes qu’il ne l’a jamais été. Parce que réellement, le voir dans tous ses états pour une jolie fille, c’était tout bonnement incroyable. J’ai trouvé son point faible. Si seulement je connaissais plus de jolies filles, je pourrais leur demander de m’accompagner rien que cinq minutes, faire tourner la tête au boss et à moi les journées de congés et les heures de boulot sans caqueter. La vie est devenu plus belle d’un seul coup, et tout ça grâce à... « - Moi c’est Noemy et je préfèrerai rester dehors , je..enfin je n’ai pas l’habitude de profiter des gens comme ça . Je t’attendrai.... » Noemy ? Oui, ça ressemble beaucoup à Rosalie dis donc. Quand j’y pense, elle a une bouille à s’appeler Noemy. Je me demande de quelle origine c’est ? Peut-être juif. Mais elle n’a pas tellement une tête juive. Sa blondeur trahit son nom. Dans tous les cas, c’est joli comme prénom. « Oui, Rosalie, Noemy, Noemy, Rosalie, c’est à peu de chose près pareil hein ? » souris-je « Oh, tu peux profiter du boss tant que tu veux, tu ne seras pas damné pour ça và. En plus je sens que tu lui as fais de l’effet. » Je rigole, repensant à la scène. Elle n’avait rien eu à faire que le boss était limite à ses pieds. C’est qu’elle devait être sacrément belle aux yeux du boss, non qu’elle soit moche mais jamais aucune fille ne m’a rendu aussi vulnérable que lui. C’est fou le nombre restreint de nana qu’il a eu dans son lit, du moins je suppose. Ça se trouve il a plus de conquêtes que moi ! Mon honneur, bafoué à nouveau. Ou peut-être qu’il est encore puceau, qui sait ? Seul lui le sait, je crois. Il vit sûrement encore chez sa maman chérie. Hahaha, qu’il est drôle le boss. Alors que je la voyais regarder de droite à gauche et de gauche à droite, à la recherche de je ne sais quoi. Puis elle finit par dire : « - devant cette pâtisserie , je trouve la vitrine vraiment très belle .. Même si je n’ai pas les moyens d’acheter , ça me satisfait de regarder.. » Ah ! Elle cherchait une alternative au fait de rester m’attendre dans le fast food. Elle commença à rougir, ses joues devinrent rosées. Bizarrement, elle est très mignonne quand elle rougit. Enfin, pourquoi je dis « bizarrement » ? J’ai déjà vu des jeunes filles timides en pleine crise de timidité qui était totalement repoussante. Mais elle, non, elle ressemble à une petite fille. Je lui souris et finit par jeter ma cigarette dans le caniveau. Je lui tourne le dos et ouvre la porte des employés avec ma tête de poulet sous le bras.

Une fois la porte claquée, je commence à courir vers les douches, non sans trébucher quelque fois car je n’ai peut-être pas des pattes de coq aux mains, mais j’ai les pieds qui vont avec, et ça glisse. Pour une fois, je peux remarquer que les vestiaires sont plutôt propres mais ce n’est pas le paradis de l’hygiène non plus. Je n’entends pas de bruit, donc je me permets de me déshabiller près de mon casier et c’est là que je remercie mon intelligence d’avoir mis un jean et tee-shirt de rechange. Je fouille tous les casiers, quelques uns ne sont pas fermés à clefs et je tombe sur un casier. Un serveur surement, il a du parfum et un pot de gel douche. DIEU MERCI ! Je prends tout ça, et en caleçon court jusqu’aux douches. Je prie pour ne pas glisser, et mon vœu est exaucé. Quand je me retrouve devant les milliers de pommeaux, j’en choisis un, celui au milieu. Je me déshabille complètement et allument l’eau. « AAAH ! » Bouillante. Réellement bouillante. Je regarde mon torse et ma peau est devenue rouge au contact de l’eau. J’attends un peu, et le froid commence à m’envahir. Je suis trempée et nu comme un vers. Après une minute, je décide de retourner sous l’eau, et elle a un peu refroidie mais elle reste tout de même assez chaude. Savonné de la tête jusqu’au bout des cheveux, j’éteins le pommeau de douche et court vers... Et merde. J’ai pas de serviette. Je vérifie qu’il n’y est vraiment personne et je commence à me secouer un peu partout pour que le courant d’air me sèche. Au bout de deux minutes interminables à courir en grelottant un peu partout, je reviens à mon casier. J’enfile mon rechange qui consiste à un tee-shirt noir col V et un jean de la même couleur, rien de très surprenant de ma part. Je crois même que j’avais laissé ce rechange parce que j’avais trop de tee-shirts noirs et de jeans noirs. De toute façon, tant que j’ai quelque chose à me mettre sur le dos, je suis content. Je regarde mon portable et calcule que j’ai mis quinze minutes pour tout faire. Je suis long bon sang ! J’espère qu’elle n’est pas partie entre temps. Je comprendrais de toute manière, mais j’aurais eu une après-midi après tout ! Je me parfume, secoue mes cheveux dans tous les sens, essaye de les coiffer et finit par sortir. Je sens que le soleil tape, et même si je passe beaucoup de temps sous celui-ci, la chaleur m’envahit vite. Mais à peine sortis je sais ce que j’ai oublié : ma veste en cuir. Oh, et puis prout. J’en aurais sûrement pas besoin vu la température qui règne dans les rues de Melbourne en ce moment. Je la cherche et la trouve comme prévu devant la pâtisserie. Elle est restée QUINZE minutes devant cette boutique ? Je cours la retrouver, et me mets à regarder au même endroit qu’elle. De multitudes de petits gâteaux sont présentés, tous aussi savoureux les uns que les autres. « Ils ont l’air vraiment bons. » Je les regarde, encore quelques secondes et finit par la prendre par le bras et l’entraine dans la boutique. Une petite cloche sonne, m’irritant au plus au point mais il fait frais ! Tellement, que j’en oublie la clochette odieuse. Une caissière arrive, elle est habillée de rose et blancs, un petit nœud trône dans ses cheveux. Elle a l’air complètement ridicule. Je vois un présentoir avec plein de cupcakes multicolores. Je pousse Noemy qui a l’air un peu réticente vers cet endroit et lui chuchote à l’oreille « Pour m’excuser de ma lenteur, je te propose un petit gâteau. Choisis ! » Je préfère ne pas regarder les prix et balancer un billet directement à la caissière, enfin ce ne serait pas très courtois. Je m’avance donc vers Madame Nœud et lui commande mon choix « un cupcake au chocolat caramel et... » je me tourne en suite vers Noemy qui a presque les yeux en cœurs.

Accoudé sur le comptoir, je fixe Noemy. Elle ressemble à une enfant, c’est tellement mignon. Ses petits yeux en cœur pourraient faire craquer le chiot le plus craquant du monde. C’est... Moi qui viens de penser ça ? Sam, Sam, Sam. Ressaisit toi. Comment on peut trouver ça mignon ? S’extasier devant des gâteaux. Farines, œufs, levure et le coup est joué ! Vraiment, ça commence à devenir un peu trop bizarre... Pour que je trouve tout ça mignon. Je secoue un peu la tête et me retourne pour faire face à la serveuse qui tapote sur sa machine. Son nœud rose est définitivement ridicule, elle ressemble à personnage de manga, avec sa petite robe noir et son tablier blanc (ça pourrait aussi servir pour un rendez-vous coquin, vous savez, je suis une petite fille et je... Bref). « Vanille caramel » finit-elle par décider. Je souris et regarde la serveuse-caissière se déplacer vers le comptoir des cupcakes. Elle prend les deux petits gâteaux avec une pince en argent et une minute après, tout est devant moi. Je tends un billet et elle me rend de la monnaie –que je glisse dans ma poche. Nous sortons de la pâtisserie et la chaleur me frappe au visage. Je suis bien content d’avoir oublié ma veste en cuir dans les vestiaires du fast-food, mais je prie pour ne pas qu’on me la fauche. Ce serait trop dommage, tout mon charme s’envolerait (blague). Blondie me tend le sac et plongeant ma main, je récupère mon petit gâteau. Et sans que je m’y attende, elle me fit un bisou sur la joue. « - Merci Beaucoup Sam , ça me touche beaucoup . » Je souris. « Si toutes les filles sont comme toi, la pâtisserie ne ferait pas faillite avec moi. », rigole-je. Je croque dans mon gâteau. Hmm, putain qu’il est bon. Comment une si petite chose peut avoir un gout aussi doux ? Ces gens sont des magiciens. Ou peut-être que je suis une grosse merde en pâtisserie.

Je tourne à gauche et m’arrête devant un feu rouge. Je croque une nouvelle fois dans le gâteau, et le trouve toujours aussi bon. Je me tourne vers Blondie. « Pourquoi tu es à Melbourne ? », lui souris-je. J’espère que ce n’est pas trop indiscret mais si on doit aller à l’hôtel le plus proche –qui se trouve quand même à vingt minutes- autant faire connaissance. J’imagine qu’elle vient ici faire ses études, elle veut devenir une grande juge et peut-être qu’elle habitait une ville campagnarde en plein milieu de l’Australie. Enfin, je dis ça, je sais pas. Ou peut-être qu’elle veut une nouvelle vie, ou qu’elle a été muté ? Une fois que le feu passe au vert, je m’avance sur les clous et fais un signe de la tête à Blondie pour qu’elle me suive. Moi qui doit être entrain de caqueter à cette heure-ci, alala, que la vie est belle. Je rate une après-midi de boulot pour manger un gâteau et accompagner une inconnue à un hôtel le plus proche. D’un côté, je me sers de Noemy, enfin un petit peu. Mais je dois avouer que c’est plaisant d’être avec elle. Même si ça ne fait pas longtemps que je lui tiens compagnie et que ce n’est pas comme si j’avais besoin d’elle vu que c’est une inconnue, mais elle est gentille. Et parler avec quelqu’un qui ne vous agresse pas est agréable. Je suis dans un froid total avec pratiquement tous les habitants du foutu immeuble, presque personne ne se parle, c’est effrayant. Je croque dans mon cupcake une nouvelle fois, il presque finit. Rah, je n’aurais même pas finit de traverser le passage piéton que mon gâteau sera mangé. Que d’injustice ! Je regarde Blondie, attendant sa réponse. Le soleil éclaircit ses yeux, car ils ont l’air plus sombre à l’ombre. Ou ce n’est qu’une illusion, j’étais peut-être aveuglé. Aucune idée, et puis pourquoi je débats intérieurement à propos des beaux yeux de Blondie ? Quel mystère. Elle me tourmente, mes pensées sont chamboulées, jamais je ne me suis extasié ainsi devant quelqu’un entiché de petits gâteaux ; jamais je n’ai eu l’envie de connaitre une partie de vie, un bout d’existence d’une inconnue. Toutes les filles d’un soir que j’ai eu m’étaient indifférentes, si bien que je ne leur demandais même pas leur prénom, c’est elle qui se présentait le lendemain du moins si elle me voyait. Je partais toujours aux aurores de leur appartement minable et sans personnalité décoré par je ne sais quelle décoratrice à la mode. Et je ne prenais plus le risque de connaitre l’une de ses filles, m’attacher n’était pas si bon. Je me rappelle de Nina, je crois que ce n’était pas une petite-amie, plus une histoire d’amour, enfin... Ce n’était même pas réciproque, elle était sortie avec moi pendant que je m’entichais d’elle doucement. L’adolescence est une arnaque, on peut tomber de n’importe quelle fille.

Je secoue la tête, ce n’est pas le moment de penser à ça, et puis ce n’est que le passé. Le fait que Nina m’a brisé le cœur n’est pas bien grave, je crois. Elle m’a peut-être rendu comme ça, infidèle et sans cœur envers les jeunes filles que je rencontre dans les clubs. Mais j’ai oublié la douleur que j’ai eue quand elle m’a quitté et avoué qu’elle avait joué avec moi ; j’ai oublié ce qu’elle m’a fait, je ne lui en veux plus. Je m’en fiche. à présent, je suis à Melbourne, je travaille dans un fast-food merdique à souhait, je suis pratiquement seul, et au fond, j’en veux à Nina. –pourquoi je pense toujours à des choses comme ça quand je suis avec quelqu’un, et pas quand je suis seul chez moi ?.


H.S.; trop désolée, c'est trop nul. je me rattraperais la prochaine fois

« - J’avais envi de changer de vie, je sais pas encore ce que je vais faire maintenant mais bon il fallait se lancer et j’avais un grand besoin de tout recommencer dans ma vie. Quand je serai installée je chercherai un travail et à partir de là je verrai... » Aventurière la Blondie ! Partir, comme ça, seule demandait du... courage ? Pour certain du moins. Je pourrais partir dans des endroits inconnus, le temps d’un été pour de belles vacances, facilement étant donné que j’aime être seul. J’aime quand personne n’est là pour me parler alors que je veux de la tranquillité. Mais pour toute une vie ? Jamais. J’ai tellement ramé pour trouver ce travail tellement merdique que recommencer serait fou. Et extrêmement suicidaire. Dans tous les cas, elle doit être légèrement timbrée pour partir à Melbourne, sans projet et ni... Avenir ? « Osé, j’aimerais dire. » Je lui souris, et nous continuons à marcher.

Quelques dizaines de minutes plus tard, nous arrivons devant l’hôtel. La route a été relativement rapide, si seulement il n’y avait pas eu le con qui distribuait des prospectus pour son concert de merde, on serait arrivé plus tôt. Non que je voulais partir à tout prix, juste que ce passage où ce musicien névrosé, frustré et limite déchiré n’avait aucune utilité.

Je la vis prendre sa valise, se tenir droite et me sourire. Ses yeux avaient un certain regret, ce qui était bizarre, mais je lui rendis son sourire. « - Je..enfin j’aimerai beaucoup te revoir..tu habites loin d’ici ? » Je réfléchis, est-ce qu’elle valait vraiment le coup ? La compagnie, avoir des amis, devoir appeler des gens pour prendre des nouvelles et j’en passe ne sont pas mes occupations favorites. Mais bon, elle n’a pas l’air chiant et elle est très jolie. Je prends mon sourire en coin, mon expression attention-mode-beau-goss-on. « Non, pas très loin. Juste quelques stations de métro. » Je continue de sourire, répondant au sien qui est plutôt... Très mignon. « J’espère que tu trouveras vite un appart’ vu la tête de l’hôtel » fis-je en regardant l’immeuble du coin de l’œil. Je prends une grande inspiration et finit par sortir un stylo de la poche intérieur de mon blouson, délicatement j’attrape la main de Blondie et inscrit mon numéro de portable ; soit comment me joindre à tout moment. Une fois fait, je baisse ma tête à mon tour et regarde mes pieds. Je crois que c’est le temps d’y aller. Je jette un dernier coup d’œil vers elle, tout en souriant. Comme si j’avais du mal à lui dire au revoir. Bon Sam, reprends toi un peu ! Je recule de deux ou trois pas, et lentement, je tends le bras vers une mèche blonde rebelle et la replace derrière son oreille. « A plus Blondie ! » Je souris, fais un petit signe de tête et d’un geste rapide, fais demi-tour pour lui tourner le dos. Je pars vers la station de métro le plus proche, les mains dans les poches de mon jean, un sourire naïf aux lèvres.