Ce vieil immeuble a vraiment des escaliers totalement merdiques. Les marches craquent, faisant un remake de film d’horreur tout aussi à chier qu’un film amateur ; il manque une rampe au troisième étage, à savoir où est ce qu’elle est passée. Et bien sûr, ça fait bien deux ou trois ans qu’elle n’y ait plus et le concierge ne bouge pas ses fesses pour en acheter une nouvelle ou la faire poser par des professionnels. Non, il préfère passer deux heures à regarder un film, ou un feuilleton à l’eau de rose totalement nul. Croyez-moi, il me porte sur le système franchement ce mec là. Il n’est pas foutu de s’occuper de l’immeuble dans lequel il travaille, de respecter les habitants, et d’entretenir le semblant de décoration qu’il y a sur les paliers et dans le hall. Il n’y a en tout qu’un gros pot de fleur. Sans fleur. Ni terre. Il n’y a que des mégots qui baignent dans de l’eau croupis. Je ne serais pas surpris de voir des grenouilles, ou bien de gros crapauds, vert cramoisi, avec de grosses pustules de pus qui exploseraient au moindre touché. Eurk. C’est écœurant. Qu’est-ce qui me prend à penser à de telles horreurs à (petit coup d’œil vers ma montre) ONZE HEURES VINGT ?! Mais combien de temps je mets pour descendre dix étages au juste ? Apparemment, une éternité. Je commence à me grouiller et quand j’arrive au bas du deuxième, au tournant, je rentre dans quelque chose. Je manque de tomber en arrière, et quand je retrouve mes esprits, ou du moins, quand les petits oisillons jaunes poussin arrêtent de tourner autour de mon crâne endoloris, je lève les yeux. Une jeune fille est à terre. Une multitude de sacs plastiques plus ou moins remplis jonchent le sol autour d’elle. Elle a l’air tout aussi chamboulé que moi. Je la regarde, ses yeux sont d’un vert émeraude maquillés de noir ; ses cheveux sont d’un brun qui vire vers le blonde avec le soleil qui perce à la fenêtre et tombent en cascade de boucles noués. Plutôt mignonne, mais elle parait frêle. J’espère qu’elle n’a rien de cassé. « Sincèrement désolé. » m’excuse-je en arrivant près d’elle pour l’aider à se relever. Je tends ma main et attend qu’elle l’empoigne pour la lever d’un coup.

J’aurais du prendre l’ascenseur. Ça aurait évité tout ce... Spectacle. Ces paquets ne seraient pas étalés par terre (j’espère qu’elle n’a rien acheté en verre, sinon bonjour pour tout ramasser) et ma balade dans la ville par une belle journée ensoleillée ne serait pas compromis. Et quel drôle de rencontre pour démarrer une amitié. Je crains qu’elle croit que je lui ai rentré dedans exprès pour lui parler, quel plan de drague minable. Je ne l’avais jamais fais, et je ne le ferais jamais. Je n’ai pas besoin de tout ce cirque pour plaire à une jeune fille. J’ai mon regard coquin, mon sourire en coin et mon charme plutôt conséquent. Pas besoin de faire tomber ses livres au milieu des couloirs du lycée, pas besoin de faire semblant de demander l’heure, pas besoin de demander un briquet alors qu’il y en a deux qui trônent fièrement dans ma poche.

Il était environ huit heures quand je me suis lever, mon boulot, libraire commençait à m’énerver, et le patron marié qui me draguait sans cesse ne me donnait pas envie d’y aller, j’avais simulé une grande fièvre, deux jours dans un lit et ça irait. J’avais pensé faire les boutiques. Si en même temps, mon patron avait besoin de quoi que se soit et me croisait dans la rue, je crois bien que je serais virée. De toute façon si ce n’est pas lui qui le fera, ça sera moi, dès que j’aurais reçu mon salaire je le ferais, et puis, comme à mon habitude, je rechercherais un autre petit boulot minable. Le shopping, ce n’est pas trop mon truc, j’en fais de temps en temps, mais là, pour une fois, j’avais vraiment aimé faire les boutiques pour me trouver le top qui irait super avec mon short. Ou les chaussures qui seraient assortis à mon sac noir. J’avais un peu d’argent dans mon compte, à part le loyer et la bouffe, je n’achetais presque rien, à part deux ou trois livres par semaines. J’avais dépensé, beaucoup beaucoup, beaucoup d’argent, environ trois fois le salaire que je gagne, toutes ses économies foutuent en l’air, mais je n’avais aucun regret, j’étais... Heureuse. Je m’étais permise en plus de tout ça un repas de chef, je ne cuisinais pas très bien, mais enfin bon, je m’en fichais. J’avais les bras lourds, tous ses sacs pesaient une tonne, mais je montais la rue qui amenait à L’immeuble d’un pas confiant, pour une fois, j’étais contente, c’était plutôt rare que je souris en pleine rue et pour rien, je passais quasiment pour une riche, enfin, jusqu’à que j’entre dans L’immeuble. Je commençais à monter les escaliers et sorti un reçu de carte bancaire, Et d’un coup, j’avais l’impression de me manger un mur et tomba directement au sol. J’étais tombé sur le sac du magasin de meubles, et entendit un bruit de verre brisé. Mon beau vase … heureusement qu’il était en réduction. Le « mur » en question était un homme plutôt grand et brun. Je soupirai puis m'aida de la main que l'homme m'avait tendu pour me lever avec un tournis pas possible. J’avais à peine le temps de ramasser mes sacs qu’il s’excusa. « Sincèrement désolé. » Je lui souris et répondit, « Non, c’est ma faute, j’aurais du faire attention où je marchais, je suis vraiment maladroite, j’en suis désolée. ». Il y avait pleins d’éclats de verre étalés au sol, c’est le concierge qui sera content, je lâchai un rire en pensant ça. C’est vrai que le concierge faisait à peine son travail, je m’étais plainte une centaine de fois de la rampe qui manquait au 3e étage, et aucun changement. Je ne pense pas qu’il prendra la peine de balayer. Il y a environ deux semaines, une bagarre s’est passé devant chez moi, je n’ai rien manqué grâce à l’œillet, mais il y avait une grosse flaque de sang devant ma porte. Depuis, elle a séchée et ça donne un peu de couleur à cet immeuble terne. Je ressortis de mes pensées et me présenta. « Moi c’est September. » dis-je, avec un petit sourire en coin.

La pauvre parait tout étourdie. En même temps, elle est mince et assez petite et venir se cogner contre un homme comme moi qui fais plus d’un mètre quatre vingt et qui plus est, courrait à fond les ballons. C’est comme entrer dans un mur je crois. Je suis un mur. Quelle belle nouvelle.

Je m’avance et lui tends alors ma main. Elle l’a prends avec ferveur et je la lève d’un coup. On dirait qu’elle a le tourné, elle ne sait trop où regarder et elle chancèle un peu. J’espère qu’elle n’a rien de grave et que sa tête ne s’est pas cognée. Mais une fois debout, le drame. Des milliers de petits morceaux de verre jonchent le parquet en bois. Hé merde. « Non, c’est ma faute, j’aurais du faire attention où je marchais, je suis vraiment maladroite, j’en suis désolée. ».. D’une, c’est ma faute. Deux, le concierge va gueuler et mener une enquête sur la personne fautive qui a causé les dégâts avec les bouts de verre et quand il m’aura trouvé, il laisserait ces détritus en plein milieu du chemin jusqu’à que quelqu’un est la bienfaisance de le faire. Le pire, c’est qu’il allait gueuler et faire une morale à la con qui dure deux heures et à la fin, il partirait sans rien faire, comme s’il s’en fichait. Quel con. « Moi c’est September. » Je lui rends son sourire et commence à ramasser ses sacs. « Tu habites à quel étage ? Et c’est de ma faute, en plus tu as quelque de casser. Où tu l’avais acheté ? » Je finis par ramasser tous les sacs et à avancer vers l’escalier. J’imagine qu’elle habite au dessus, j’allais donc lui emmener ses sac, ou du moins, ceux qui ont résistés à mon attaque. Quand je mets le pied sur la première marche, je me présente. « Sam. Encore désolé. Je monte tes paquets pour la peine. » J’entends mon écho qui résonne dans la cage d’escalier, et l’idée « j’aurais du prendre l’escalier » me revint en tête. Je serais sûrement dehors à cette heure-ci, à me balader tranquillement, lunettes de soleil sur le nez.

Depuis que l’autre Blondie m’avait cassé les anciennes, j’étais d’humeur assez spéciale dès que quelqu’un regardait mes lunettes. Je ne voulais pas que les nouvelles terminent aussi mal que les premières. Et le soleil doit être à la bonne heure, dommage que ne peux y gouter. Et si cela se trouve, une jeune fille est entrain de passer là où normalement je serais entrain de marcher. Et j’aurais pu l’aborder, lui parler et qui sait ? boire un verre avec elle. Et puis quand l’après-midi serait terminé ou toucherait à sa fin, je serais rentré chez moi content et je me serrais endormie jusqu’à ce que le club commence à cracher sa musique infeste et je serrais allé en boite. Mais les plans ont changés. Mais j’espère tout de même me balader après.

Je m’étais relevé grâce à la main de l’homme. Il avait l’air d’avoir un peu moins de 30 ans. Mon dieu, le jour où j’aurais 30 ans, j’aurais vraiment un goût amer, pour moi trente ans, c’est comme la fin de ma vie de jeunette, j’aurais commencé à prendre de l’âge, et à cet âge, tu as déjà une famille, deux gosses, un mari et tout le tralala. J’aurais plus de nouveaux boulots toutes les deux semaines. J’aurais un boulot stable, un patron qui ne me parlera pas, parce que je suis marié, mais qui me respectera parce que je travail pour lui. En pensant à ça, mes yeux sont devenus brillants. J’aurais bien aimé rester jeune toute ma vie. Personnellement, je n’ai pas envie d’avoir d’enfant, ce n’est pas que je déteste les mômes, c’est plutôt la peur d’être une mauvaise mère, qu’il ne m’aime pas, ou bien qu’il jalouse d’un ami parce que sa mère lui offre des cadeaux tous les jours, alors que moi, je n’en aurais pas les moyens. J’adore les enfants, je fais souvent du baby-sitting. Je lis un bouquin au gosse, il s’endort, et je m’endors moi aussi devant la télévision pendant que les parents sont en boîte. Et puis, le jour où l’on m’appellera « grand-mère », je ne sais pas comment sera ma réaction … C’est vrai, j’ai souvent aimé être plus grande que les autres, étant gosse. Je trainais souvent avec des personnes plus jeunes que moi. J’ai toujours dans ma tête, quand je pense à ça, cette image, moi et l’amour de ma vie, sur deux rocking chair, en train de se balancer et de tricoter, et lui de fumer sa pipe. Son visage m’est encore flou vu que je n’ai jamais connu le vrai amour. Tout ça pour dire que j’appréhende mes prochains anniversaires. Après m’être présenté, il me posa quelques questions et se dit coupable, « Tu habites à quel étage ? Et c’est de ma faute, en plus tu as quelque de casser. Où tu l’avais acheté ? » Je lui souris il ramassa tous les sacs, je commençais à avoir mal aux bras, de plus il laissa le sac avec le sac cassé, dedans, il y avait aussi quelques bibelots, donc je pris le sac en plastique. « Sam. Encore désolé. Je monte tes paquets pour la peine. », je lui souris une nouvelle fois puis fis un signe de la main pour dire que ce n’était rien, dans le vent, oui, parce qu’il ne l’avait pas vu, je lâchai donc un rire « Ne t’inquiètes pas, je ne l’avais pas acheté chère. Enchantée Sam. Merci pour mes paquets. » On montait les marches une à une, comme à l’école, à la queue leu leu. Cette bonne et vieille époque, elle me manque presque. Cette obsession de vieillir me monte presque à la tête. A cette époque, j’avais la vie devant moi … « C’est ici, tu veux entrer ? Ce n’est pas le luxe, mais c’est plutôt confortable. » J’avais un sofa très confortable marron en accord avec mon salon dans les tons plutôt pastels. Une cuisine américaine équipée avec ma chambre au fond du couloir face à la salle de bain. Les toilettes étaient à l’autre bout de l’appart. J’aimais bien mon appart, surtout mon petit coin lecture, j’avais une immense bibliothèque qui m’avait couté la peau du cul. Mais j’avais un excellent choix de livres, vu que je travaille en ce moment dans une librairie et que j’avais une immense choix de livre à moitié prix. Je pris les sacs qu’il avait dans les mains et ouvris la porte de mon appart’. Je les posai à côté de mon bureau et revint vers Sam « Aller, viens. » je lui souris.

Ses sacs ne sont pas lourds, ce sont des trucs plus ou moins inutiles. Donc je ne me plains pas, et je monte les escaliers sans broncher. Et à peine arrivé au troisième, elle me pointe un appartement du doigt, me montrant que c’est ici qu’elle habite, je me dirige alors vers là. Je me demande qu’elle vu on a quand on habite au troisième, je sais que de chez moi, donc du sixième, on peut voir le mer, l’océan à perte de vue, l’horizon. C’est superbe. « C’est ici, tu veux entrer ? Ce n’est pas le luxe, mais c’est plutôt confortable. ». Je réfléchis. Je veux faire ma promenade ! Pourquoi j’accepterais, surtout si c’est pour rester là, assis sur un canapé avec un silence de plomb car nous n’avons rien à nous raconter. J’hésite alors, tellement longtemps qu’elle a le temps de poser ses sacs (qu’elle a prit de mes mains sans que je m’en rende compte) sur son bureau. « Aller, viens. » Je lui rends son sourire. Mais après, c’est une voisine, je dois être poli et gentil. J’entre et vois deux collections. Une de livres. C’est une grande bibliothèque avec des tonnes de bouquins. Je m’approche de ceux-ci. Jane Austen. Elle a le livre qui traine sous mon lit depuis des lustres, et croyez moi, je l’ai lu plus d’une fois. Emma. Le titre du bouquin. Je me tourne alors vers l’autre trésor. Des albums. Des tonnes. Je m’approche de ceux-ci et m’exclame « MAIS PUTAIN ! T’as tout ceux de Queen, ZZ top et Led Zep ! Dis-moi, ta mère ne serait pas le rock ? » Je continue à regarder ces cd, elle en a pleins. Dont plusieurs que je dois m’offrir depuis un moment. Puis sa collection ne s’arrête pas qu’au rock pur et dur. Ça monte à l’alternatif avec tous les Kings of Leon, The Kills, The Dead Weather et j’en passe. Cette fille a un gout musical géant ! Du moins, elle aime pile ce que j’aime, à quelques albums près. Radiohead par-ci, The Kooks par là. Il devait y avoir vraiment beaucoup d’argent dans ces albums. C’est incroyable, jamais vu ça. Je devrais lui emprunter à chaque fois un album pour connaitre plus de groupe. « C’est fou, tous tes albums, c’est wow. » Je finis par m’asseoir sur son sofa incroyablement confortable et sans m’en rendre compte, sors mon paquet de clopes ainsi que mon briquet, juste avant de l’allumer, je me ravise. « Je peux fumer dans ton appart ? » Elle acquiesce d’un geste de la tête et sans plus attendre allume ma cigarette en inspirant la fumée. Je suis détendu. Je le croyais prout-prout ma chère, mais elle est cool, réellement cool. Je me suis vraiment trompée sur elle. Tous ces livres, tous ces albums. Et puis, je rêve ?! Une guitare acoustique traine sous... Sa table a mangé. Musicienne, lecteur. Ce n’est pas une fille superficielle, et j’en suis bien heureux. « Tu les as depuis longtemps tous ces cd ? »