Je crois j’y suis allée trop vite cette fois-ci. Parce qu’il y a une différence entre devenir colocataire avec une inconnue et une presque inconnue. Avec une inconnue, ça aurait été plus direct et il n’y aurait pas de question comme « est ce que ça te dérange ? » et j’en passe. Alors que là, avec Noemy, c’était complètement différent. J’ai peur qu’elle croit que je monte tout ce plan pour la séduire. Et puis il y a une certaine gêne, je la sens. Comme si on n’osait pas. Dans tous les cas, mauvaise idée ou pas, elle devait venir ce début d’après midi même.

Je m’étais levée tôt le matin, avant que le soleil nous balance ses rayons chauds. J’avais pris une douche chaude et avais transformé ma salle de bain en piscine-sauna. De l’eau partout, de la buée partout, il faisait chaud. C’était assez agréable à vrai dire... J’avais même passé plus d’une heure allongé contre le carrelage froid à regarder le plafond, pensant à cette journée qui allait un peu tout changé. J’étais allé m’habiller en tout tranquillité, choisissant mes fringues sans tellement regarder. Un tee-shirt noir et un jean. Rien de particulier en somme. Mais le plus compliqué, ce n’était pas à quoi je ressemblais, mais de quoi avait l’air mon appartement. J’avais tout rangé, tout. Partout. Ma chambre. La sienne. La salle de bain. Le salon. La cuisine. Tout. Ma chambre n’avait pas été compliqué, j’avais fais mon lit et c’est tout. Le bordel qui restait donnait de l’authenticité (oui bon, c’est une excuse parce que je n’avais pas la foi de ranger). Mais pour le reste des pièces, je ne devais pas avoir la flemme. J’avais même trouvé deux lampes à lumières tamisées pour le salon qui donnaient un peu de chaleur, mais ça ne volait pas haut. Ça restait un appartement de garçon qui sent le tabac froid. J’espère que le fait que je fume chez moi ne la gêne pas, ce serait bien trop bête que je commence à fumer par la fenêtre car finit les soirées devant la télé avec une bière et une clope entre les lèvres. Enfin, ce n’était pas le moment de penser à ça.

J’attends depuis deux heures devant ma fenêtre. J’ai l’air bête à admirer la mer au loin, à mater les filles qui passent alors que je suis au sixième. Mais ça me fait passer le temps. Et je commence à penser, à me demander si c’est réellement une bonne idée qu’elle vienne s’installer ici la Noemy. Je ne sais pas. On verra. Je ne suis pas difficile à vivre, et elle non plus je suppose (quoi que, vu l’agression du vieux monsieur, j’espère que ce n’est pas une réaction du à un certain comportement de Noemy). Et puis si il y a un truc qui m’énerve et dont je ne peux m’habituer je lui dirais, sans tourner autour du pot. Imaginons qu’elle mange du roquefort sur du pain chauffé au micro-onde le matin (imaginez l’odeur mon dieu), je lui demanderais gentiment de changer radicalement de régime et de prendre un bol de céréale. Rapide, bon, efficace. Enfin, je ne devrais pas y penser... Je dois me dire que tout est positif. Rien de bizarre, de gênant ou de mal n’arrivera. Tout sera bien, voir parfait.

TOC. Un léger son. Elle vient de frapper ? J’étais plongé dans mes pensées donc je n’ai pas réellement fait attention. Je m’avance vers la porte, doucement, surement. Comme si un monstre allait apparaitre derrière la porte pour me dévorer. Mais je suis trop beau pour mourir... Fou rire intérieur. Je suis devant la porte et regarde par l’œillet. Elle est bel et bien là, et elle se recoiffe. Ça me fait rire, pas méchamment, c’est juste mignon. Et je pourrais rester là des heures, à la regarder se coiff... Pardon ? SAMY, qu’est ce qui t’arrives ?! Voilà ce qui me fait peur. C’est ce que je pense d’elle. J’aimerais la regarder des heures en restant béat devant elle, la regarder dormir, lui parler de tout et de rien, poser ma tête sur son épaule et m’endormir devant un film bidon, partir en voyage à l’autre bout du monde et revenir six mois plus tard. Mais je ne peux pas me permettre de penser ça. Car déjà je ne la connais que depuis quelques semaines, et puis... Je ne sais pas. C’est compliqué.

BREF Sam. Reconcentre toi. Je finis par ouvrir la porte et souris. J’ai perdu toute trace de doute sur mon visage. Je l’invite à entrer d’un geste de la main.

« Bienvenue chez toi. »